Artistes congolais en résidence

L’association Vent dans les toiles est heureuse d’accueillir en résidence à Casseneuil du 22 au 31 mai, un groupe de jeunes artistes sortant pour la plupart de l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa en République Démocratique du Congo. Cette école est la seule institution de son genre en Afrique centrale. L’Académie des Beaux-arts de Kinshasa a été crée en 1943 dans le bas-Congo avant d’être transférée en 1949 à Kinshasa. Plusieurs pays de la contrée y envoient des étudiants.

Isaac Mondele- Invité d’honneur « surprise »
 

Isaac crée des sculptures essentiellement façonnées à base de clous. « La particularité de mes œuvres réside dans le fait que les clous dont ils sont constitués sont ramassés un par un dans les communes de Kinshasa. Ils ont déjà servi une première fois et moi je leur donne une seconde vie, une nouvelle utilité et offre une seconde chance.  Par-dessus tout, ma démarche est écologique, le ramassage auquel je m'adonne débarrasse la ville de ces objets qui peuvent être dangereux et contribuent à l'insalubrité ».

Cédric Lemba

« L’art vient de moi » ou mieux encore « l’art vient de mon propre cru », dit Cédart. Voilà une affirmation qui, tout en faisant preuve d’un artiste qui a du cran, susciterait moult controverses dans le sillage des artistes, spécialement les plasticiens, classe artistique dont il se réclame. Cédart est conscient du fait que l’éduction lui vient de son imagination créatrice exubérante. Un regard très attentif sur les tableaux de Cédart nous permet de découvrir la richesse de cette imagination, la virtuosité de l’artiste dans le traitement des couleurs et des matériaux d’emprunt. Cédart est « générateur » des formes. Esprit libre, il veut percer et transpercer les arcanes du monde et comprendre les mystères de l’homme. Sa peinture, véritable support d’accessibilité à l’univers énigmatique de l’homme, se pose aux yeux des sujets esthétiques (contemplateurs) comme effort de dévoilement des réalités voilées. Les toiles percées de Cédart, tout en exaltant la spiritualité et la matérialité de l’être humain, constituent une riche symbolique, celle d’un ardent désir d’accéder aux réalités extra-mondaines et de capter les puissances métempiriques dont l’homme est le réceptacle. Les ouvertures  faites sciemment sur les toiles sont des « fenêtres » ouvertes à l’infini, aux réalités métaphysiques et à la profondeur de la vie. Cédart refuse d’être opaque sur ses tableaux. Il ouvre des brèches pour des contemplateurs désireux de s’évader spirituellement.  Disons que ses tableaux incitent à une sorte de transcendance de l’homme vers l’homme, de l’homme vers le monde et vers les sphères voilées de la vie. Le recours à des matériaux variés impliqués dans une atmosphère très agitée des couleurs vaporeuses est la parfaite expression du désir de l’au-delà, estime Cédart.

Khen Salumu

La créativité picturale de SALUMU est dictée en profondeur par une vision manichéenne antropocentrée où l’homme apparaît à la fois comme un être corporel et spirituel. L’homme est appréhendé comme le « démiurge » du monde par la force de ses pensées. Il fait « être » les choses, l’environnement et lui-même. Guidé par sa tête, l’homme est poseur des actes concrets selon la perception qu’il se fait de l’évolution du monde et de l’humanité.

Sa peinture panachée voudrait dépasser toute représentation partielle de l’homme qui réduirait ce dernier à sa simple matérialité. L’homme n’est pas un simple occupant du monde. Il n’est pas non plus un simple et oisif spectateur.  Bien au contraire, jeté dans un monde qui lui est à la fois hostile et favorable, il est acteur et comprend  le monde et lui donne sens. C’est pour cette raison que le savoir-faire artistique de Salumu est forcément motivé dès le départ par une conception qui articule harmonieusement « Unicité. Dualité » en l’homme. C’est le même homme fait de corps et d’esprit qui influe sur la trame du monde et de l’histoire. Au plan esthétique, les réalisations picturales de Salumu, par l’usage des éléments additifs, témoignent d’un art de recherche et d’un éclectisme artistique originaux.

Tôles, journaux, treillis et autres matériaux associés à la peinture permettent à Khen de visibiliser la conjonction existentielle du corps et de l’esprit.

André Kulengula -Philosophe de l’Art/Conservateur

Institut des Musées Nationaux du Congo